Split..

De retour chez moi, je laisse tout derrière moi ou presque. 
A vrai dire, je ne sais plus que veut dire chez moi. 
En perdant ce sentiment, je ne sais plus qui je suis ni ce que je veux. 
Ce vide me donne le sentiment d’impuissance mais aussi un espace de respiration et de réflexion. 
En quittant le Maroc, encore une fois, un sentiment de mélancolie m’habite. J’avais l’impression qu’elle était là a côté de moi tout le temps. Elle m’a juste accordé une parenthèse de vie pendant une petite semaine avant de reprendre le contrôle de ma vie en y effaçant, encore, toutes les couleurs. 

A force de vivre cette épreuve, je commence à connaître mon autre moi. Il est là avec moi et je suis avec lui et pendant que je rédige ce billet, c’est lui et moi. Ils s’écoutent, se consolent, se libèrent et collaborent pour décrire ce qu’ils sont. 

Écrire est ce rare instant où les deux retrouvent la paix. Les deux partagent cette envie mais le moi authentique est celui qui entretient la flamme et ouvre la voie. 
 

Ce moi authentique est le plus simple, le plus aimant mais aussi le moins rodé et le moins résilient. A vrai dire, il n’a jamais eu l’occasion de devenir meilleur. Ses rêves? Trop ambitieux. Son amoureuse ? Impossible à atteindre. Sa vie? Trop compliquée à concrétiser. 

L’autre moi, le pragmatique est le plus triste, le plus éteint mais aussi le plus solide, le plus persévérant et le plus complet. Il a affronté toutes les épreuves de la vie avec bravoure et détermination. Sa vie ? Parfaite aux yeux du monde. Ses rêves ? Il en a pas. Il ne sait pas rêver car sa flamme pour voir plus loin est éteinte.

Qui prend le dessus? Souvent , le plus fort. Le pragmatique. 

Le monde extérieur n’aime pas l’authentique. Sa sensibilité n’est pas valorisée, sa spontanéité ignorée, sa simplicité narguée. 

L’authentique qui porte en lui l’amour et la tendresse semble non immunisée dans un monde où la monnaie courante est méfiance et déception. 

Le pragmatique bien qu’il ait bu de la même source que son autre, a su développer les armes nécessaires pour défendre son autre authentique. Il le protège jusqu’à la séquestration. 
 

L’authentique, douée d’un amour généreux sait guider son autre pragmatisme aux moment où la boussole du bien est désorientée et le monde extérieur s’obstine à dénaturer son être.

Quand j’ai atterri au maroc et j’ai pris mes parents dans mes bras, le pragmatique s’est évaporé. Comme s’il n’a jamais existé. L’authentique a été libéré et dans les yeux de ma mère, des fleuves d’amour ont ressuscité et guéri l’authentique essoufflé épuisé. 
 

Aussitôt guéri, le naïf s’est remis à pratiquer son sport préféré : Rêver. 
Ses rêves ont repris là où il les avaient arrêtés : Être avec Elle, la reine du royaume de ces rêves. Son Amour pour elle est infini. 
 

Sa patrie, avec ces imperfections, est le chez lui de l’authentique. Le pragmatique y voit une terre sans avenir, l’authentique y voit le pays où son amour vit. 

En atterrissant en Angleterre, l’authentique a rendu les clés au pragmatique. Conscient que le monde est tellement cruel pour lui, il a accepté volontairement de rejoindre sa cellule et laisser le pragmatique prendre le contrôle. Place maintenant à la raison et aux ambitions plus larges que la vie. 
 

Le regard affamé, la détermination infaillible, le pragmatique est l’autre moi qui par son charisme éclabousse le monde autour de lui les yeux rivés sur ses objectifs : Ne jamais fléchir. 
 

La nuit, quand la garde tombe, l’authentique se libère et vole très haut là où sa bien aimée l’attend, ou ses rêves inachevés se poursuivent et là où le pragmatique n’existe plus.